
image : nomenclature de feux d'artifices japonais de la firme Hirayama, extrait de leur catalogue (v. 1880)
Notre vocation première, depuis l'élaboration du projet Myriagone jusqu'à aujourd'hui, a toujours été de faire de la librairie un espace de prescription privilégié. De reconquérir la primauté de la confiance et du regard des lecteurices.
Ceci en tentant de produire une rupture franche entre la mise à disposition de ce qui est imposé à l'espace de la librairie indépendante par l'industrie pour des raisons fallacieuses qui n'arrangent qu'elle, et ce que nos valeurs, notre éthique et notre intellect nous dictent intimement.
Les raisons sont simples : défendre la diversité éditoriale, redonner l'habitude de la découverte spontanée et imprévisible, attiser les mécanismes de curiosité aujourd'hui largement mis à mal par une prescription guidée en amont par des canaux qui privilégient de manière mécanique la concentration des flux, et donc des entreprises et de leurs followers.
Une multitude de livres existe, notre travail de libraire est d'aller piocher dans cette multitude pour en extraire non pas ce qu'on nous dit qui va se vendre - prophétie autoréalisatrice - mais bel et bien ce qui sied à notre regard et ce qui semble épouser une réelle diversité de formes et de langages, de manières d'être au monde.
Investir cette démarche, c'est appliquer une méthode stricte basée sur le fait d'assumer la lacune, voire de la revendiquer en mettant en avant d'autres portes d'entrée au(x) monde(s) du livre, accès plus ou moins dissimulés dans les plis de l'information. C'est rappeler que le lieu de la librairie, à l'image du monde qui nous porte, est un espace délimité qu'il est peut-être bon de contenir sans le saturer. Mille moyens sont bons à l'intérieur de cet organisme pour le faire palpiter et lui conférer une vie riche, sans passer par l'extension et l'acheminement de matériaux (entendre les livres) appauvris par la recherche de rendements.
Tout ça pour rappeler, à l'heure du désossage de la Culture par les pouvoirs publics et de la concentration éditoriale mortifère, qu'il y a une véritable joie à venir glaner dans un espace physique les petits trésors qu'il recèle.