Avec "Le dernier monde", Céline MINARD signe une œuvre à la profondeur vertigineuse. Un véritable récit-univers où, à travers le long périple du dernier homme sur la Terre, apparaissent la multitude, les destinées enchevêtrées, accumulées, de notre Histoire.
Tissant une trame volontairement complexe et protéiforme, l'odyssée polyphonique de Jaume Roiq Stevens est prétexte à re-créer, à re-penser ce qui nous constitue, individuellement comme collectivement.
Usant de tous ses artifices, de toute sa puissance de feu, ici c'est bel et bien l'Écriture, moyen d'existence irréductible, qui envahit et repeuple le monde.
"[...] Tout ce qu'il fait est effectivement un prétexte, un pré-texte, un prêt au texte parce que lui, comme personne avant lui je pense, n'a pas d'autre mode d'être humain. Aucune de ses relations avec les traces du monde humain n'aurait d'existence s'il ne les écrivait pas."
Beau, sauvage, dense de ramifications infinies, un texte comme une bouteille à la mer, un dernier monde à l'image des eaux qui le portent.
Céline MINARD, Le dernier monde, 2007, Denoël